lundi 5 mars 2012

Des réseaux sociaux numériques pour innover ? Oui mais proprement gouvernés

Utilisés par l’entreprise, les réseaux sociaux numériques internes et externes sont un levier d’innovation. Mais pour qu’ils réalisent pleinement cette promesse, il faudra les munir proprement d’une gouvernance de propriété intellectuelle d’entreprise.

L'article en cinq mouvements de pensée : 

Auteur : Tru Dô-Khac
Sortie officielle : Le Cercle Les Echos, le 5 mars 2012  
Régime d'utilisation : Code de la propriété intellectuelle, France

Note de l'auteur :




Article intégral sur ce site

Des réseaux sociaux numériques pour innover ? Oui mais proprement gouvernés

Utilisés par l’entreprise, les réseaux sociaux numériques internes et externes sont un levier d’innovation. Mais pour qu’ils réalisent pleinement cette promesse, il faudra les munir proprement d’une gouvernance de propriété intellectuelle d’entreprise.

Bien exploités, les réseaux sociaux numériques publics prolongent les interactions de l’entreprise avec ses clients par des canaux insoupçonnés. En entreprise pour le seul usage des collaborateurs, ces mêmes réseaux, désignés par « réseaux sociaux d’entreprise » (RSE), doivent améliorer les opérations internes de l’entreprise [1]

Développer le savoir-faire de l’entreprise 
Leur opportunité est très souvent adressée avec un angle technologique ; on parle ainsi de « projet RSE » dont le livrable est le choix et la mise en œuvre de la bonne technologie ; en effet, les fonctionnalités d’un RSE s’ajoutent à celles déjà en œuvre d’une messagerie électronique, d’une publication électronique sur Intranet ou d’une gestion électronique de document et il faut bien construire des passerelles entre ces différents systèmes.
Néanmoins, l’effet d’un projet RSE est d’abord une affaire d’usage, ce que le Pr. McAfee, un des premiers théoriciens des RSE, met en évidence dans sa définition de l’Enterprise 2.0 : the use of emergent social software platforms (…) [2]. Selon l’usage, les effets d’un RSE seront organisationnels, sociaux ou cognitifs.

Pour l’entreprise décidant d’investir dans l’installation et l’exploitation d’un RSE, il s’agit d’orienter ces effets vers une création de valeur. Cette valeur peut naître d’une organisation plus agile entre les différentes fonctions métiers ou d’une collaboration plus fluide entre les membres d’une équipe de projet. Néanmoins cette création reste indirecte. La valeur ainsi créée naît d’abord du pilotage de l’organisation et du travail de l’équipe. En revanche, un accroissement du savoir-faire de l’entreprise produit une création directe et immédiate de valeur : pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les motifs de certaines opérations de fusion-acquisition.

Stratégies de réseaux sociaux 
Dès lors, en vue d’une création de valeur passant par l’accroissement du savoir-faire, il est clair que la stratégie de réseau social n’est pas seulement technologique, et qu’elle doit être alignée avec la stratégie de savoir-faire [3] vis-à-vis des « partenaires » de l’entreprise : clients, concurrents, collaborateurs et sous-traitants.

Vis-à-vis des clients raisons d’être de l’innovation, on pourra installer un « blog d’entreprise » qui sera associé au site internet d’entreprise promouvant les produits. Ce blog, qui est tout simplement un blog tenu non par une personne physique mais la personne morale de l’entreprise, publie des contributions de collaborateurs sous le contrôle d’un directeur de publication. Les commentaires seront les bienvenus. Mais pour que l’entreprise puisse exploiter en sécurité juridique ces commentaires, il faudra indiquer aux déposants, et de façon claire, immédiate et lisible pour un non juriste, les droits qu’ils concèdent au producteur du site lors d’un dépôt de commentaire : soumission à une revue préalable par la ligne éditoriale du site (« modération »), octroi d’une autorisation de simple reproduction sur le site ou à l’opposé une cession de tous les droits,…

Vis-à-vis des concurrents que l’on côtoiera sur un RSE mis à la disposition par une association professionnelle de pratiques [4], on s’assurera que les collaborateurs adhérents en leur nom propre ou au nom de l’entreprise comprennent bien la politique de « partage d’expériences et de pratiques » de l’association : concession non-exclusive des droits de propriété intellectuelle à l’association, conditions de réutilisation commerciale par les membres,…

Vis-à-vis des collaborateurs encouragés à exprimer des idées et suggérer des initiatives sur le RSE d’entreprise, on veillera à instruire et mettre en place les dispositifs de gouvernance pour préserver l’entreprise des risques d’utilisation indue de propriétés intellectuelles de tiers « très librement » repris sur le web : avec le numérique, les risques originalement juridiques deviennent opérationnels, commerciaux, humains,…

Enfin, vis-à-vis des sous-traitants de l’écosystème de l’entreprise, on pourra créer dans le RSE des partitions temporaires et thématiques. Les conditions d’usage seront convenues lors de la contractualisation où on adressera au niveau stratégique la confidentialité des échanges et du « partage » de la propriété intellectuelle [5].

Pour une gouvernance lisible de la propriété intellectuelle en RSE 
En aménageant les systèmes d’information existants de l’entreprise, les réseaux sociaux numériques peuvent améliorer l’organisation de l’entreprise. Mais pour l’innovation, leur promesse ne sera pleinement réalisée qu’en y instituant une gouvernance de la propriété intellectuelle d’entreprise qui soit transparente et accessible à des utilisateurs non juristes. Dans la logique d’une telle gouvernance, on peut s’intéresser aux travaux menés par ParisTech pour mettre à la disposition des enseignants la famille de licences « Libres Savoirs » [6].


Références :
[1] « Génération processus versus génération collaborative », Jean-Pierre Bouchez, Le Cercle Les Echos, 2 mars 2012
[2] Blog d’Andrew McAfee « The Business Impact of IT »
[3] « Les stratégies d’Open Savoir-Faire », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 29 décembre 2011
[4] « Négoce de savoir-faire informatique », Tru Dô-Khac, Le Cercle Les Echos, 3 janvier 2012
[5] « Gouvernance de la propriété intellectuelle en relation d’affaires », Dô-Khac Decision,
[6] « Libres Savoirs ParisTech »


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